Emission de Bordeaux

Contexte

Cette série de timbre s'inscrit dans la période de guerre qui affronta la France à la Prusse. Le conflit débute le 19 Juillet 1870, et face à l'avancé des troupes allemandes près de la capitale française, le gouvernement n'a d'autre choix que de se réfugier à Tours, le 13 septembre 1870.

Ernest Meissonier, Le Siège de Paris, huile sur toile 1870-1884, Paris musée d'Orsay

Mais dans la précipitation, les stocks de timbres sont laissés sur place. Une circulaire est envoyée de Tours, stipulant que les affranchissement des bureaux secondaires doivent être payés en numéraire, les timbres encore en stock devant être envoyés dans les bureaux principaux. Les consignes furent plus ou moins respectées par les postier, et l'on voit même apparaître les timbres dits "coupés sur lettre".

Premier essai

Rapidement se pose la question du transfert de la production des timbres. La ville de Tours est envisagée, mais l'idée est vite abandonnée face à la rapidité de l'avance des troupes allemandes.

Le 30 septembre 1870, le délégué du ministère des finances de l'époque, à Tours envoie une lettre à l'inspecteur générale des finances pour lui faire part de la proposition de confectionner des timbres provisoires, non dentelés, de 1c, 4c, 10c et 20c à l'hôtel des monnaies de Bordeaux.

Le 21 octobre, le directeur général des postes demande au directeur de la monnaie de Bordeaux de se préparer à la fabrication.

Le 22 octobre, le directeur générale des postes rajoute au cahier des charges l'obligation de conformité aux timbres fabriqués à Paris. En effet, l'on craint qu'un dessin trop simple soit la porte ouverte aux falsifications. Le directeur de la monnaie de Bordeaux fait appel à la maison Augé Delille pour réaliser un essai, reconnaissable aux lettres "K.A.D" présentes dans les angles de la vignette.

Essai de la maison Augé Delille

Après plusieurs essais de report de reproduction sur pierre, puis de gravure de poinçons sur bois, l'opération est finalement abandonnée.

Version retenue et impression

Par la suite, on fait appel à Dambourgez, qui dessine à la plume un nouvel essai sur pierre lithographique. Malgré les différences avec la Cérès d'origine, le dessin proposé est retenu, et adopté pour faire face à l'urgence du manque de 20c, correspondant au tarif de la lettre simple. Ce premier essai donne lieu au timbre 20c type I, portant le numéro 44A dans les catalogues Yvert et Tellier. L'impression commence le 5 novembre 1870.

Première version du 20c, N°44A (source : yvert.com)

Après ce premier tirage destiné à répondre aux besoins urgents, la maison Augé Delille fait appel à Léopold Yon pour refaire les matrices du 20c, en modifiant entre autre les lignes des ombres du visage, donnant alors lieu au type II une semaine après le premier. Le type III sera obtenu par assemblage de la tête du 20c type II et du cadre du 30c. Suivent ensuite le 1c, fortement inspiré du 1c lauré, puis par paire le 10c et 80c, 2c et 4c, 5c et 40c, et enfin e 30c. L'ordre de création des différents timbres de l'émission est regroupée dans la frise chronologique ci-dessous.



La fabrication des timbres de l'émission de Bordeaux s'arrête officiellement le 14 mars 1871, et l'administration des Postes détruit les matrices le 12 Aout 1871, ainsi que tous les outillages ayant permis leur fabrication. Concernant les stocks restants, ils sont dispersés dans le nord et l'est de la France, ainsi qu'à Paris. Le stock final est incinéré en 1880.

Timbres de l'émission de Bordeaux

Comme présenté dans la frise chronologique ci dessus, les timbres de l'émission de Bordeaux portent 9 valeurs : 1c, 2c, 4c, 5c, 10c, 20c, 30c, 40c, et 80c. Lors de la création des planches d'impression, plusieurs modification ont été apportées, donnant alors lieux à de nombreux types et sous-types. Finalement, la numérotation de ces timbres adoptée par la plupart des catalogues est la suivante : 39A, 39B, 39C, 40A, 40B, 41A, 41B, 42A, 42B, 43A, 43B, 44A, 44B, 45A, 45B, 45C, 46A, 46B, 47, 48, 49.

Timbres de l'émission de Bordeaux, les plus courants à trouver

Impression lithographique

Le procédé d'impression utilisé pour les différents timbres de cette émission, on a recours au procédé lithographique. Ce procédé fut inventé par Aloys Senelfeder (1771-1834). Les parties imprimantes se trouvent au même niveau que les parties non-imprimantes, contrairement au procédé de la gravure. L’impression repose sur le principe de répulsion réciproque de l’eau et de la matière grasse.

La pierre lithographique est un carbonate de calcium à grain fin. Sur la surface de cette pierre calcaire poreuse préalablement dressée, grainée ou poncée, l’artiste va dessiner le timbre à l’aide d’un crayon gras, ou d’encre lithographique. La pierre poreuse va alors retenir le gras du dessin.

Le dessin doit ensuite être fixé sur la pierre. L’imprimeur passe alors sur la pierre, un mélange d’eau acide (acide nitrique) et de gomme arabique. Cette étape permet d’ouvrir les pores de la pierre, et donc de fixer le dessin. Après séchage, la pierre nettoyée est prête pour l’impression.

Sur la pierre, entièrement humidifiée à l’eau claire, l’encre lithographique grasse est déposée à l’aide d’un rouleau. Les parties grasses de la pierre (dessin) acceptent l’encre alors que les parties humides la refusent. L’impression sur papier se fait sans pression importante.

Principe du report

Pour l'émission de Bordeaux, l'impression lithographique est combinée au principe du report. Un premier dessin original est dessiné. Puis il est multiplié en le reproduisant un maximum de fois, soit 15 épreuves au total. Ces épreuves sont ensuite regroupé en un bloc de 5x3, formant alors le bloc-report sur papier. 

Une première pierre lithographique du report est alors crée. Le bloc report papier est humidifié avec de l'eau tiède puis posé sur la pierre lithographique et passé sous presse. Lorsque le dessin est parfaitement reporté le papier est soigneusement décollé. Il est possible de reporter plusieurs fois le même dessin sur une pierre. Une fois le report terminé la pierre est séchée. Le dessin peut alors être retouché ou complété avant que la pierre subisse le traitement décrit plus haut.

A nouveau, une nouvelle multiplication a lieu. Les blocs-report sont imprimés grâce à la pierre élaborée, en 20 épreuves, regroupées en deux panneaux de 2x5, donnant lieu alors à des feuilles de 300 timbres (150 par panneaux : 2x5 blocs de 5x3 timbres).

De même, cette feuille composée de 20 blocs reports est alors décalquée sur une nouvelle pierre lithographique, pour former la planche de tirage finale.

Principe du bloc-report

Retouche des reports

Dillemann nous explique dans son ouvrage, qu'à maintes reprises, des retouches sur les figures et ornement des timbres des report ont été appliquées. Il existerai selon lui deux types de retouches. La première concerne des correction de défauts, faits dans le but de rétablir le dessin d'origine. En effet il pouvait arriver que le report en "décalquant" se fasse mal. Le deuxième type de retouche concerne des modifications du dessin original, faites pour améliorer le tirage. Dans tous les cas, il s'agit d'ajouter ou de retirer des éléments pour les remplacer.

Dans le cas où des éléments sont redessinés, cela se fait par ajout de traits à l'encre lithographique. Mais il faut au préalable retirer la préparation à base d'acide nitrique et de gomme arabique appliquée sur la pierre. Pour ce faire, l'on passe un pinceau imbibé d'acide acétique dilué à l'eau sur la zone à retoucher. Ainsi la retouche peut tenir sur la pierre, et il faut ensuite refixer le tout par la même solution d'acide nitrique + gomme arabique.

Dans le cas où l'on souhaite retirer une portion de dessin, la retouche doit être effectuée au burin, puis de refaire la zone effacée et de refixer le tout.

Généralement, les zone retouchées laissent peu de traces en raison de la petite taille des motifs, bien que les traits retouchés soient plus gros que les originaux.

L'étude des Bordeaux menés par les collectionneur, auteurs et passionnés a permis de répertorier plusieurs zones de retouches. On peut citer l'ombre sous les yeux, la ligne blanche derrière la tête, le renforcement du cadre intérieur (zone NW), mais également des retouches effectuées comme "signe secret" afin de garantir l'authenticité des timbres.

Retouche des ombres sous les yeux

Sur les premières impressions du 20c (N°44A et 44B), les ombres sous les yeux ont été dessinées en forme de pointillés. Mais le report du bloc sur la pierre n'a pas permis de conserver ces ombres, expliquant donc l'absence d'ombres sur les 44, et constituant d'ailleurs un des signes distinctifs. Pour palier à ce problème, les nouvelles épreuves du 20c sont dessinés avec des ombres en traits obliques continus sous l'œil. Le but étant d'avoir une meilleur impression lors du report du bloc sur la pierre, pour ensuite pouvoir le retoucher en pointillés.

Dessin original du 20c type I

Dessin original du 20c type II et Version retouchée du 20c type II (R1 et R2)

Après plusieurs essais et retouches sur les différentes valeurs qui suivirent les premier 20c, Yon arriva à une méthode finale, fournissant des résultats satisfaisants. Les pointillés se reportent mal et les ombres n'apparaissent pas. Les traits continus et retouchés sur pierre demandent de la manutention. L'alternative trouvée est donc de dessiner directement sur l'original une série de tirets pour les ombres.

Dessin original du 80c et Type définitif des ombres sous l'oeil

Ligne blanche derrière la tête

Cette retouche de ligne blanche derrière la tête apparaît dès les premiers tirages de l'émission de Bordeaux, sur les 20c au type I. Cette ligne blanche sert à mieux discerner la figure Cérès du fond coloré de la vignette. Pourtant, il semble qu'elle n'ait pas été jugée nécessaire par Yon, lors de ses premières impression. En effet, on ne retrouve pas cette fameuse ligne sur les deux premiers reports du 20c au type II ( N°45A et N°45B), ni sur le 80c, ni sur le premier report du 10c , ni sur les premiers tirages du premier report du 1c (N°39A, état 1).

Retouche "ligne blanche" présente sur le 20c au type II, report 3 (N°45C)

Si on retrouve cette ligne blanche sur les timbres suivants, on finit petit à petit à s'en passer, en particulier sur le report 2 du 20c au type III (N°46B). De plus, il est à noter qu'au fur et à mesure de l'utilisation de la pierre pour imprimer les timbres, celle-ci s'use, faisant petit à petit disparaitre cette ligne. Le même phénomène est d'ailleurs observé pour les ombres sous les yeux.

Renforcement du cadre intérieur

Sur la plupart des grosses valeurs de l'émission de Bordeaux, le cadre intérieur est fin et d'épaisseur constante à peine plus grasse que le burelage intérieur. Pourtant, il apparaît que certaines valeurs ont un cadre intérieur (souvent le cadre nord-ouest) sensiblement plus épais que les autres. Cette observation est flagrante chez le 20c type III, report 2, et le 10c report 2. Cette observation commune résulte du fait que la conception du report 2 du 20c type III s'est faite par combinaison de l'encadrement du report 2 su 10c, et de la figure du 30c.

Cette retouche du cadre intérieur est exécutée la première fois à la fin de l'émission du 5c dans le but de renforcer le cadre intérieur gauche qui s'est particulièrement usé. Le succès de cette retouche donne alors l'idée de la généraliser aux valeurs futures, en guise de prévention de l'usure, en retouchant cette fois la totalité du cadre intérieur nord.

Cadre intérieur normal, renforcé à gauche uniquement, et renforcé partout

Signes secrets

Enfin, une dernière catégorie de retouche est à considérer. Il s'agit des modifications apportées pour empêcher les fraudes par production de faux. L'administration des Postes a toujours eu la crainte des fraudes et contrefaçons. Les premiers documents officiels en font foi. Un document notamment, indique l'existence d'un signe secret, permettant d'identifier les vrais des faux, pour les émissions de Bordeaux.

Ce premier signe est invisible pour un amateur. Il fut fait par Dambourgez lui-même, dessinateur de la première version du 20c (type I), sur le dessin original. Ce signe consiste enl'absence d'une petite portion de la ligne droite du burelage, situé juste au dessus de la partie droite du "2" de droite. Cette suppression de la ligne verticale se poursuit jusqu'au cercle sur la plupart des timbres 20c au type I.

Signe secret de M. Danbourgez

En revanche, en ce qui concerne les autres timbres, dessinés par Yon, aucun document officiel ne mentionne l'existence d'un tel signe "anti-fraude". Mais on suppose que la microscopique signature dans le raisin devait servir de moyen d'identification.

Signature du graveur "YON" dans la feuille du raisin, ornementant la chevelure de Cérès

Pourtant, l'étude des Bordeaux menée depuis un peu plus d'un siècle laisse penser que les deux seul signes distinctifs présenté précédemment, auraient été jugé insuffisants et qu'on aurait voulu rajouter un second moyen de contrôle. On observe en effet sur les reports du 20c type I, ainsi que les autres grosses valeurs, la suppression par retouche, de deux barres horizontales du burelage au niveau du 5eme intervalle dans la partie supérieure droite. Concernant les petites valeurs de l'émission, l'on remarque assez bien le signe secret, et une retouche supplémentaire a été rajoutée : les deux perles face au nez de Cérès sont reliés par une petite barre verticale. Pour les 2c et 4c, deux perles sont également reliés pour les reports 2, mais une perle plus haute que sur le 1c.

Retouches appliquées au 1c, 2c, et 4c

Les observations suivantes peuvent donc êtres faites :
  • 1c - Signe secret généralement nettement marqué
  • 2c et 4c -
    • Report 1. Signe secret à peu près visible
    • Report 2. Perles nettement reliées (surtout le 4c)
  • 5c - Jamais de barrettes
  • 10c -
    • Report 1. A peu près jamais de barrettes
    • Report 2. Quelquefois 2e et 3e barrettes nettement marquées
  • 20c type II -
    • Report 1 et 2. Quelquefois barrettes bien marquées
    • Report 3. Pas de barrettes nettes, mais quelquefois embryon de barrettes présent
  • 20c type III et 30c - Jamais de barettes
  • 40c - Barettes assez fréquentes sur le n°1 du report
  • 80c - Barettes parfois nettes

Distinction des différents types

Les différentes retouches apportées au fur et à mesure de la production de pierre lithographiques et de planches de timbres on donné lieu à différents types et reports pour certaines valeurs. Chaque changement alors apporté par les retouche devient un signe distinctif, permettent de déterminer l'appartenance d'un timbre à un type et report particulier. Mais quels sont-ils ?

Les retouches présentées précédemment, ainsi que les schémas ci-dessus sont les principaux moyens d'identifier un timbres. Je vous propose donc le récapitulatif suivant.

1c olive, report 1, 2, et 3

Le timbre à 1c présente trois reports différents, et dont les report 1 et 3 possèdent chacun deux états, 1 et 2. Voici comment les différencier :

Le premier élément à regarder est les ombres sous les yeux :
  • Le bloc report 1 est le seul à présenter des points sous les yeux, relativement atténués
  • Les blocs report 2 et 3 quant à eux présentent des tirets sous les yeux

Ombres sous les yeux pour le 1c

Le second élément à regarder, pour différencier les blocs report 2 et 3 est la présence ou non d'une ligne blanche derrière la tête :
  • Le bloc report 2 présente une ligne blanche nette derrière la tête
  • Le bloc report 3 ne présente pas de ligne blanche
Concernant le report 1, le premier état ne présente pas de ligne blanche derrière la tête, alors que le 2eme état présente une fine ligne blanche.

Concernant le report 3, le premier état est grossier, les tirets des ombres sous les yeux sont nettement séparés et s'apparent presque à des pointillés. Le deuxième état quant à lui a été nettoyé, et les ombres sous les yeux sont constitués de traits reliés entre eux.

Etats 1 et 2 du report 1
Ombres en points, avec et sans ligne blanche

Report 2
Ombres en traits, avec ligne blanche prononcée

Etats 1 et 2 du report 3
Impression lourde et ombres en traits séparés. Impression fine et ombres en traits reliés

2c, report 1 et 2

Le timbre à 2c présente deux reports différents. La distinct entre les deux est plutôt aisée. Deux détails ne trompent pas. Le premier est la présence du fameux "signe secret". Le report 1 ne présentent pas de perles reliées en face du nez, alors que le report 2 si.

Détail des perles non reliée et reliées, du report 1 et du report 1

Ensuite, il faut se pencher sur le burelage au niveau du chiffre "2" de gauche, et le burelage dans la zone supérieure gauche. Dans le report 2, les 4 lignes du burelage en face de la boucle du "2" sont en ligne continue et relient le cadre à cette boucle. De même, dans la partie supérieure gauche, les lignes n°12, 13, 14 et 15 du burelage, en partant du haut, sont en ligne continue et relient le cadre intérieur au médaillon. Ce n'est pas le cas dans le report 1, qui présente les mêmes lignes de burelage en pointillé.

Détails des lignes du burelage des reports 1 et 2

Reports 1 et 2 du 2c
Perles non reliées et burelage pointillé. Perles reliées et burelage continu

4c, report 1 & 2

Le timbre à 4c présente lui aussi deux reports différents. La distinct entre les deux est également aisée. Un petit trait parasite est présent sur le report 1 au dessus du "4" gauche, alors qu'il est absent du report 2.

Trait parasite présent sur le report 1 et absent sur le report 2

Nous avons la certitude de l'existence de deux reports, et que ce trait parasite n'est pas une erreur, de part plusieurs détails récurrents et observés, mais également par des variations de disposition. Par exemple, les cases 1 et 2 des deux reports n'ont pas le même écart.

Excepté cette différence majeure du trait parasite, le report 1 se caractérise également par une impression plus fine et plus dépouillée, présentant ainsi une forte similitude avec les reports du 1c et 2c. De plus, les perles en face du nez présentent très peu voir pas du tout le signe secret (perles reliées). Le burelage est également très fin comparé au report 2.

Sur le report 2, le trait parasite a été retouché. Les deux perles face au nez ont été reliées, et l'impression est souvent plus grossière et plus grasse. Les premières impressions du report 2 présentent des ombres sous l'œil bien marquées et la ligne blanche derrière la tête est apparente. Les impressions plus tardives présentent quant à elles des ombres plus empattées et la ligne blanche tend à disparaitre. Quelques rares impressions sur le tard montrent des ombres et une ligne blanche quasi absente.

Report 1 et 2 du 4c
Trait parasite et impression fine. Absence de trait parasite et impression empattée

5c, report 1 & 2

Les ouvrages de Serranne (1926) et de Dillemann (1929) ne font pas mention que d'un seul report pour la valeur de 5c de l'émission de Bordeaux. La découverte d'un second report s'est donc faite plus tardivement (date à trouver).

Extrait de l'ouvrage de 1929 de Dillemann

A ce jour, deux reports du 5c sont connus, avec un report 2 qui présent pas moins de 4 états différents. La différenciation des deux reports se fait sur quatre critères : La ligne blanche derrière la tête, l'iris de l'œil, la forme du menton, et la forme du nez.

Le report 1 ne présente pas de ligne blanche derrière la tête, l'iris de l'oeil est composée d'un trait et d'un point, qui touche uniquement la paupière supérieure, le menton est en retrait de la lèvre inférieure, et le nez légèrement convexe.

Le report 2 présente un ligne blanche bien nette, l'iris de l'oeil est constituée d'un seul point touchant les deux paupières, le menton est légèrement plus fuyant vers l'avant, et le nez est droit dans la continuité du front.

Signes distinctifs du 5c report 1

Signes distinctifs du 5c report 2

Ensuite, comme observé et indiqué par Dillemann, le report 2 (qui devait être le report connu à l'époque) présente plusieurs états. Quatre au total. La distinction de ces quatre états n'est pais aisée pour les amateurs, mais les caractéristiques cités peuvent aider :
  • Etat 1 :
    • Forte ligne blanche derrière la tête (moins accentuées sur le 2nd tirage)
    • Ombre de l'œil formée de petits traits nettement séparés
    • Cadre dans coupure
    • Points légendes ronds
  • Etat 2 :
    • Impression lourde et ligne blanche peu marquée
    • Ombres de l'œil formée de traits continus
    • Cadre présentant des coupures fréquentes
    • Points légendes ronds
  • Etat 3 :
    • Ombre de l'œil formée de lignes séparées, réduites en nombre et en volume
    • Coupures sur le cadre retouchées
    • Points légendes déformés, grossis ou allongés
  • Etat 4 :
    • Certains timbres du report ont été retouchés au niveau du cadre intérieur. A droite comme à gauche la ligne du cadre plus ou moins accentuée apparaît toujours plus épaisse que les lignes du burelage.
    • Ligne blanche derrière la tête irrégulière et peu accentuée
Cadre intérieur accentué sur l'état 4 du report 2

10c, report 1 & 2

Les 10c font partie des toutes premières valeurs à avoir été émises. Il existe pour cette valeur uniquement 2 reports, dont la distinction est l'une des plus simple. Il s'agit en effet du renforcement du cadre intérieur supérieur gauche.

Le report 1 présente un cadre fin et d'épaisseur constante à peu près similaire à celle du burelage. En revanche le report 2 présente un renforcement bien visible sur la partie gauche du cadre intérieur, au nord.

Cadre intérieur fin sur le report 1, et renforcé sur le report 2

Report 1 et 2 du 10c

20c, type I, II, et III

La valeur 20c de l'émission de bordeaux est souvent celle qui pose le plus de problèmes aux collectionneurs. Il existe en effet trois types, correspondant à des changements majeurs (de graveur ou de dessin), et chacun de ces types constitué de plusieurs reports. Le type I possède deux reports, le type II possède trois reports, et le type III possède deux reports. Pour un total de 3 types et 7 reports différents.

La première étape consiste à identifier le type. Le type I est de la main de Dambourgez, alors que les types II et III de la main de Yon. Le procédé d'impression des ombres (expliqué plus haut) ayant mis du temps à être au point, il est souvent un critère de différenciation. Les éléments à considérer pour différencier ces trois types sont : la taille de l'écriture dans les cartouches "REPUB FRANC" et "20 C POSTES 20 C", la grecque supérieure gauche, la forme de la bouche, les ombres sous l'œil, et la distance du cadre par rapport au médaillon au nord.
  • Type I :
    • Ecritures des cartouches fines
    • La grecque présente un petit trait supplémentaire à l'équateur
    • La bouche est fine
    • Les ombres sous l'œil sont constituées de points
    • Le cadre sup. est éloigné de 3/4 de mm du médaillon
Signes distinctifs du 20c type I

  • Type II :
    • Ecritures des cartouches fines
    • La grecque présente un petit trait supplémentaire à l'équateur
    • La bouche est épaisse
    • Les ombres sous l'œil sont constituées de traits
    • Le cadre sup. est rapproché du médaillon
Signes distinctifs du 20c type II

  • Type III :
    • Ecritures des cartouches grandes et épaisses
    • La grecque ne présente pas de petit trait supplémentaire à l'équateur
    • La bouche est épaisse
    • Les ombres sous l'œil sont constituées de traits
    • Le cadre sup. est renforcé, et rapproché du médaillon, presque à le toucher
Signes distinctifs du 20c type III

20c type I, report 1 & 2

Le type I est composé de deux reports. Comme pour la plupart des autres valeurs, l'origine des différents reports est évidemment une retouche apporté sur le dessin. Ici la partie retouché est le coin inférieur droit du burelage (ou imbriquement) dans la zone supérieure droite, entre le cadre et le médaillon. En effet le dessin original comportait un petit angle noir, qui a disparu lors du premier report. Une retouche est alors effectuée quelques jours plus tard pour rectifier ce problème. Le report 1 ne possède par conséquent pas ce petit coin noir, alors que le report 2 si. 

Absence de l'angle noir sur le report 1, et retouche sur le report 2

On a également cité comme élément distinctif entre les deux report l'existence d'un petit trait parasite à l'extérieur du cadre droit, à hauteur du premier élément horizontal de la grecque. Malheureusement, se signe est trop aléatoire et se rencontre également sur des timbres du second report.

Présence du petit trait sur la vignette de gauche. Absente sur celle de droite

20c type II, report 1, 2, & 3

Le type II du 20c présente trois reports différents. Et leur différenciation reste relativement simple. La première étape consiste à noter la présence ou non d'une ligne blanche derrière la tête. En l'absence de ligne on a à faire à un report 1 ou 2. Avec une ligne blanche il s'agit d'un report 3.

Ensuite, il faut s'attarder sur la grappe de raisin ornementant la figure Cérès. Des grains de raisin sans ombre et le lobe de la feuille de vigne à peine indiqué, et l'on a à faire à un report 1. Des grains de raisin avec ombre et le lobe de la feuille de vigne franchement découpé, et l'on a à faire à un report 2 ou 3.
  • Report 1 :
    • Pas de ligne blanche derrière la tête
    • Grains de raisin sans ombre
    • Lobe de la feuille de vigne à peine indiqué
    • Impression fine et aspect dépouillé pour les tirages ultérieurs

Signes distinctifs du report 1

  • Report 2 :
    • Pas de ligne blanche derrière la tête
    • Grains de raisin ombré
    • Lobe de la feuille de vigne franchement découpé
    • Point parasite dans le 5eme intervalle de l’imbriquement à gauche en bas
    • Petit chiffre dans la marge

Signes distinctifs du report 2

  • Report 3 :
    • Une ligne blanche derrière la tête
    • Grains de raisin ombré
    • Lobe de la feuille de vigne franchement découpé
    • Grand nombre d’impressions usées ou empâtées

Signes distinctifs du report 3

Report 1, Report 2, Report 3 du 20c type II

20c type III, report 1 & 2

Enfin, le type III du 20c présente deux reports différents, très facilement discernable également. Le type III du 20c a été conçu à partir des éléments ornementaux du 10, et de la figure du 30c. Ainsi les éléments à observer pour différencier le report 1 du 2 pour le 20c sont les mêmes que ceux du 10c. Le report 1 présente un cadre intérieur fin et d'épaisseur constante, similaire à celle du burelage. En revanche, sur le second report, on observe un cadre intérieur renforcé sur la partie gauche. D'autre part, une légère ligne blanche est observable sur le report 1 alors que non sur le report 2.

Signes distinctifs du 20c type III

Report 1 et 2 du 20c type III
Ligne du cadre fine et légère ligne blanche derrière la tête. Ligne du cadre renforcée et pas de ligne blanche derrière la tête

Planchage et reconstitution des blocs reports

Les dessins originaux et épreuves étant dessinées, gravées, reportées et retouchées manuellement, de nombreux petits détails changent d'un cliché à un autre sur un même report. Ainsi, les positions (appelées cases) présentent les mêmes variations de détails sur chaque report d'une même feuille.

Il est donc plus ou moins aisé, avec un œil aiguisé, de déterminer la position d'un cliché sur le report. Plusieurs auteurs ont publié des articles et livres, permettant d'identifier les timbres et de reconstituer les report. Ces travaux de planchage ont été étudié par notamment Fernand Serrane en 1926 et Paul Dillemann en 1929. En ont donc résulté des tableaux, présentant pour chaque timbres de l'émission un récapitulatif des détails caractéristique de chaque case.

Les études de planchages et de reconstitution des reports des différents timbres de l'émission de bordeaux, réalisées par mes soins vous sont proposées ici :

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