Cérès 1849-1850

Contexte

Le premier timbre poste est émis en 1840 par la Grande Bretagne, le fameux "Penny Black". Neuf ans après, la France met en place à son tour une réforme des postes, dans le but de simplifier les tarifs postaux et permettre l'adoption du timbre poste. A noter qu'avant 1849, le tarif postal était calculé en fonction des distances à parcourir.

Le décret est voté le 24 aout 1848 et entre en vigueur au 1er janvier 1849. La France devient ainsi le 11ème pays émetteur de timbres postes. Quelques lettres timbrées datant d'avant 1849 ont traversé la France, mais ces pièces se comptent sur les doigts de la main.

Design et gravure


Le directeur général des postes, Etienne Arago, fait alors appel à Jacques-Jean Barre, graveur général des monnaies, qui grave deux maquettes inspirées de la déesse Cérès (déesse des moissons). L'impression et la fabrication sont placé sous la responsabilité d'Anatole Hulot.

Tarifs du 1er janvier 1849

Tarif intérieur : jusqu'au 30 juin 1850
Echelon 1 2 3 +1





Rayon local

Même arrondissement postal
< 7,5g 7,5-15g 15-30g +30g
10c 20c 30c +10c

Même ville
<15g 15-30g 30-60g +30g
10c 20c 30c +10c

Paris pour Paris
<15g 15-30g 30-60g +30g
15c 25c 35c +10c

Rayon général

Pour une autre ville
< 7,5g 7,5-15g 15-100g +100g
20c 40c 1f +1f

Chargement
< 7,5g 7,5-15g 15-100g +100g
+20c +40c +1f ++1f

Première émission : 1849

Il est décidé que les premières valeurs à être imprimées et émises seront celles des tarifs de bureau à bureau (pour une autre ville), c'est à dire les tarifs du rayon général. Ainsi,  ce sont les timbres 20c, 40c et 1f qui seront imprimés et émis les premiers.

L'impression du 20c commence alors le 4 décembre 1848. La couleur choisie est le noir. Elle permet d'une part une impression jour et nuit, et d'autre part car il était impossible de laver l'oblitération sans détériorer la couleur du timbre. Limitant donc la fraude par réutilisation du timbre.

La couleur choisie pour le 40c est le bleu, et le 1f en vermillon. Son impression débute le 30 décembre 1848 et est mis en vente dès les premier jours de janvier. En revanche, l'impression du 40c connaît un contretemps. En effet deux clichés du 20c se sont glissés sur les cases 146 et 147 des planches. Tout doit être regravé.

Entretemps, on s'aperçoit que la couleur noir du 20c pose problème, car l'oblitération noire se voit mal sur un timbre de la même couleur. Ainsi pour palier à ce problème, il est décidé le 9 mars 1849 de changer la couleur du 20c pour le bleu. Son impression commence le 7 avril, mais n'est pas mis en distribution. On préfère attendre l'épuisement des stocks de 20c noirs.

Mais le bleu était initialement prévu pour le 40c. Une nouvelle couleur doit être choisie. Ce sera l'orange. Les 40c sont imprimés à partir du 14 avril. Au mois de mai de la même année, les planches sont alors soumises à examen, et on s'aperçoit de la similitude de couleur avec le 1f vermillon. Le directeur général des poste décide la suspension provisoire des tirages en attendant une solution.

Une nouvelle couleur aurait pu être décidée pour les 40c, mais on s'est aperçu que les pigments utilisés pour la teinte vermillon était abrasifs, provoquant une usure prématurée des poinçons. L'orange est maintenu pour le 40c, et la teinte vermillon de 1f passe alors au carmin que l'on connait tous. L'impression du 40c reprend enfin, et il sera distribués dans les bureaux de postes à partir du 3 février 1850.

Les tout nouveaux 20c bleus sont toujours en stock, et les 20c noir toujours pas écoulés, faute de popularité du timbre-poste auprès de la population française. Le 1er juillet 1850, un changement de tarif est mis en place, faisant passer la lettre simple de 20c à 25c. A ce moment précis, 10.600.000 timbres noirs sont encore invendus, et 23.350.000 timbres bleus ne sont pas encore mis en service. Les 20c noirs restants seront brulés, mais quelques feuilles seront sauvés.

La première émission des timbres postes français Cérès sont donc composés du 20c noir (YT n°3), du 40c orange (YT n°5) et du 1f vermillon et carmin (YT n°7 et n°6).

Série des cérès de 1849 (collection personnelle)

Tarifs du 1er juillet 1850

Tarif intérieur, jusqu'au 20 juin 1853.
(Seul le tarif au rayon général change)
Echelon 1 2 3 +1

Rayon général

Pour une autre ville
<7,5g 7,5-15g 15-100g +100g
25c 50c 1f +1f

Chargement
<7,5g 7,5-15g 15-100g +100g
+25c +50c +1f ++1f

Deuxième émission : 1850

Initialement, la réforme des postes de 1849 avait pour objectif principal la simplification du calcul des tarifs d'affranchissement pour les lettres de bureau à bureau pour une autre ville (rayon général), en abaissant le tarif. Le but était de s'affranchir du calcul des distances dans la détermination du tarif. Cependant, les affranchissements au rayon local (même arrd postal ; même ville ; Paris pour Paris) n'étaient pas concernés par la prise en compte des distances. La simplification n'était donc pas nécessaire. Le tarif de 1806 est conservé pour Paris, et celui de 1829 pour le reste.

Malheureusement, la mise en place des timbres en 1849 n'a pas le succès espéré. En effet, la majorité des plis envoyés à partir du 1er janvier 1849 étaient payés par le destinataire, comme il était d'usage avant la réforme. De plus, l'augmentation du trafic postal n'a pas permis de compenser le déficit des recettes lié à la baisse des tarifs. A noter que la poste britannique connait exactement le même problème, et mettre 25 ans à retrouver le niveau de bénéfice pré-réforme.

Afin de palier à cette perte, un changement de tarif est appliqué, faisant passer la lettre simple de 20c à 25c. Pour faire entrer le timbre-poste plus rapidement dans mes mœurs, deux nouvelles valeurs sont décidées pour le tarif au rayon local : le 10c et le 15c. Cette fois-ci, le code couleur établi (le 9 mars 1849 ne posa pas problème).

Mais se pose toujours la question du destin des planches de 20c bleu imprimées... Il est suggéré de les vendre au tarif de 25c lors d'un conseil des postes le 18 mai 1850. Proposition refusée. L'on suppose que des essais de surcharge à 25c aient été tentés, expliquant l'unique exemplaire connu du non émis 25c surchargé sur 20c bleu (YT n°8A), vu dans la collection Ferrari.

20c bleu non émis, YT n°8 (gauche)
25c s. 20c bleu non émis, YT n°8A (droite)

Le tirage des 25c bleus commence ainsi le 13 juin 1850. Dans un premier temps sur une demie planche, puis sur une planche complète le 20 juillet.

Au tour ensuite du 15c vert d'être imprimé. Un premier tirage a lieu de juillet à aout 1850. 1.785.500 timbres seront émis. Puis un deuxième tirage de 924.300 timbres est effectué en 1852, et enfin un dernier de 600.000 timbres en janvier 1853.

Enfin, le 10c est tiré à 3.308.100 exemplaires de septembre à novembre 1850. 7.808.700 exemplaires de février à décembre 1851 et 5.942.700 de janvier à mars 1852.

Le 16 octobre 1850, une circulaire est envoyée, demandant le rapatriement de 20c noirs. Deux incinérations sont organisées, une le 2 juin 1851 durant laquelle 74.100 timbres gommés et 285.000 non gommés, et tous défectueux sont détruits (20c noirs et bleus confondus). Et une seconde, le 21 juillet 1851, durant laquelle le reste des stocks de 20c et de 1f vermillon sont détruits.

La deuxième émission des timbres-poste Cérès sont donc composée du 10c bistre-jaune (YT n°1), du 15c vert (YT n°2) et du 25c bleu (YT n°4).

Série des Cérès de 1850 (collection personnelle)

Liens vers les fiches

Références

  • Maquettes
  • Non-émis 8 et 8A
  • Catalogue de timbres de France 2009, 1ère Partie. Maury, Cérès, Dallay. (2009). EAN : 9782952462754
  • Catalogue Yvert-et-Tellier Classiques du monde 2020

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